Comme caractéristique typique de SILENCE teatro, même dans cette performance le théâtre interagit et se mesure avec les espaces ouverts et représente une étape d’un travail dont le leitmotiv est le VOYAGE et les différentes manières d’être voyageurs à la scène comme à la ville.
Comme au XIXème siècle lorsque les populations de l’Europe cherchaient fortune en Amérique, aujourd’hui encore une multitude de personnes abandonnent le pays où elles ont vu le jour et où elles ont été élevées. De millions d’histoires identiques et différentes: hommes, femmes, enfants chassés de leur pays à cause de l’intolérance ou de la misère, de l’oppression politique, raciale, religieuse ou à cause des guerres de plus en plus actuelles.
Des populations qui ont tout abandonné et qui abordent dans des endroits tels que Ellis Island comme Georges Perec l’a décrite: «L’endroit de l’absence d’endroit, le non endroit, le nulle part».
Des endroits où les personnes ne trouvent pas de signaux, ni de racines ou de traces mais quelque chose qu’on pourrait appeler isolement, scission ou fracture.
Seize millions d’émigrants sont passés par Ellis Island entre 1892 et 1914. A nos jours les Boat People errent à la recherche d’abris tout à fait improbables. Mais dans un nouveau pays l’ « étranger » veut retrouver quelque chose qui lui appartient, une trace de son histoire, un ensemble de coutumes, gestes, rites à partager au-delà des frontières. Des fragments de réminiscences, des mots qui reviennent, des souvenirs de berceuses, des manières de manger, de danser, de chanter, des photos religieusement conservées. Il veut partager ce qui s’est transformé en racines menacées par le temps et par les hommes. Des signes d’appartenance sur lesquels se fonde son enracinement dans l’Histoire et sur lesquels il modèle son identité.
Ce qui fait qu’il soit ce qu’il est et en même temps qu’il soit identique à l’autre.
Voix étrangères est dédié à toutes les histoires d’errance et d’espoir de notre troisième millénaire. VIDEO GALLERY
